À la découverte du prestigieux Non du Village Chuông

Le non ou chapeau conique est le fidèle couvre-chef des femmes vietnamiennes, notamment des campagnardes. Le village de Chuông, commune de Phuong Trung, district de Thanh Oai, à Hanoi, est rénommé depuis longtemps pour la qualité de ses non.

Autrefois, le non de Chuong était offert aux souverains. Actuellement, c’est encore un symbole original de la culture du Vietnam en général et du village de Chuong en particulier. Il est non seulement vendu dans le pays mais aussi exporté au Japon, en Corée du Sud, en Chine, à Taiwain et à Hongkong.

Tous les jours du calendrier lunaire finissant par 0 et 4, le village tient un marché qui attire des négociants des provinces alentours. Ils achètent des piles de non, qu’ils revendent dans tout le Nord du pays.

“La confection des “non” se développera fortement”, affirme Lê Van Tuy, du village de Chuông. À seulement 20 ans, Tuy est déjà patron d’un atelier qui produit mensuellement plus de 150.000 pièces et emploie 40 personnes. En voyant l’effervescence régnant dans cet atelier, tout laisse à penser que cet artisanat séculaire a encore de belles années devant lui.

Comment réalise-t-on un non?

Nul ne sait à quand remonte l’apparition de ce métier à Chuông. Néanmoins, depuis l’époque féodale, l’armature à 16 cerceaux est l’une des caractéristiques du non de ce village, et ce couvre-chef était souvent offert aux femmes de la cour. C’est dire son prestige…

Au départ, il faut des feuilles de latanier provenant des forêts de moyenne altitude du Centre, que des artisans sèchent à 3 ou 4 reprises jusqu’à ce qu’elles soient bien blanches. Elles sont ensuite repassées avant d’être fixées à l’armature composée des cerceaux et de tiges de bambou qui s’entrecroisent. Depuis toujours, les non de Chuông ont une armature de 16 tiges, ce qui les distinguent des autres non fabriqués ailleurs. Monté sur un support de 16 cerceaux en bambou bien polis, recouverts de feuilles de latanier, tenu par une mentonnière en soie, le chapeau conique est intimement lié à la vie rurale et devenu l’un des principaux souvenirs achetés par les touristes.

Chaque année, le village exporte 3 à 4 millions de non. À côté des articles d’usage courant, les artisans de Chuông confectionnent aussi des non quai thao et des non artistiques, non destinés à un usage champêtre mais plutôt à des expos ou à des spectacles. Ces couvre-chefs ont contribué à l’essor économique du village. Certains artisans sont passés maîtres dans la confection de non gigantesques. À l’occasion du 14e Sommet de l’APEC, tenu au Vietnam en 2006, un gros non de 3,6m de diamètre et de plus de 15 kg a été confectionné par Ta Thu Huong.

L’artisan Pham Trân Canh, un invalide de guerre, a remis au goût du jour la confection des anciens non, par exemple le non quai thao, un artisanat qui exige beaucoup de patience et d’habileté. En 2001, il a terminé 2 non quai thao géants qui ont été présentés lors de foires artisanales en Allemagne et en République tchèque.

Tous les jours du calendrier lunaire finissant par zéro et quatre, le village tient un marché qui attire des négociants des provinces alentours. Ils achètent des piles de non, qu’ils revendent dans tout le Nord du pays. On y vend aussi toutes les matières premières nécessaires à la fabrication des couvre-chefs. Depuis quelques années, le village de Chuông voit défiler de nombreux étrangers amoureux des objets artisanaux. Ils peuvent découvrir à la source les secrets de ce chapeau, petit miracle de simplicité et de beauté.

(Lecourrier)

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