Musée d’Ethnographie du Vietnam
Le Musée d’Ethnographie du Vietnam est à la fois un centre de recherches et un musée public présentant les groupes ethniques du Vietnam. Les missions du Musée sont multiples et recouvrent des domaines telles la recherche scientifique, les collections, la documentation, la conservation, l’exposition et la préservation du patrimoine culturel et historique des différents groupes ethniques présents sur le territoire vietnamien Dans le futur, il est prévu que le Musée accueille des collections et de la documentation sur les cultures et les civilisations d’autres nations du Sud-est asiatique.
- Implantation, création, fondation
Le Vietnam est un pays multiethnique, composé de 54 groupes ethniques. Percevant l’importance d’avoir un Musée pour préserver et présenter le patrmoine culturel de ces 54 ethnies, le gouvernement a décidé de créer un Musée d’Ethnographie à Hanoi. Cette proposition a donc été officiellement approuvée le 14 décembre 1987. Il est à noter que le Musée est né d’une coopération française, même si la création de ce Musée est à l’initiative du gouvernement vietnamien qui a assumé une majorité du financement.
Un terrain a donc été alloué´pour la construction : 2500m² en 1987, puis 9500m² en 1988. En 1990, le Premier Ministre décida de donner la totalité´du terrain. Durant la construction (1987-1995), le Conseil de Gestion du Projet aisnis que le Département du Musée faisait partie de l’Institut d’Ethnographie. Le 24 octobre 1995, le Premier Ministre de l’époque a pris la décision de placer le Musée d’Ethnographie du Vietnam, sous la tutelle du Centre National des Sciences Humaines et Sociales. Le 12 novembre 1997, le Musée d’Ethnographie du Vietnam a inauguré son exposition permanente et a été officiellement ouvert au public.
Il a donc fallu construire toutes les infrastructures, y compris la route menant de la rue Hoang Quoc Viet à l’entrée du Musée. Le Gouvernement Vietnamien a d’abord investi dans le Musée en 1986 et la construction des fondations a commencé fin 1989. Selon la proposition, le budget total pour la construction était de 27 milliards de dôngs (soit environ 1.3 millions d’euros), sans compter 4 milliards de dôngs (soit environ 200,000 euros) pour rassembler et exposer les objets. Le bâtiment d’exposition du Musée a été conçu par l’architecte Ha Duc Linh, représentant de la minorité Tay, qui travaille pour la Compagnie des Travaux Publics du Ministère de la Construction.
L’architecture intérieure a été faite par Mme Veronique Dollfus, une architecte française. Par ailleurs, la France a participé financièrement à la réalisation de l’architecture d’intérieur. Cette participation, s’élevant, à l’époque, à 2,4 millions de francs, a été fournie par le Ministère des Affaires Etrangères, l’Agence Internationale de la Francophonie (AIF), la région Ile de France, le Ministère de l’Education Nationale, et la Fondation de France.
Le Musée est divisé en deux parties : une exposition se tient à l’intérieur et une autre en plein air. La partie intérieure se compose d’un bâtiment d’exposition, de bureaux, d’un centre de recherches, d’une bibliothèque, d’une zone de stockage, d’un laboratoire technique et d’un auditorium, répartis sur 2,480 m² dont 750 m² pour les réserves du Musée. L’exposition en plein air propose de présenter les différents types de maisons des régions vietnamiennes. Depuis son inauguration, à l’occasion du 7e sommet de la Francophonie à Hanoi, le Musée reçoit annuellement environ 60.000 visiteurs.
- Un nouveau concept?
Le Musée d’Ethnographie du Vietnam est un centre précieux pour l’exposition et la conservation des acquis culturels des 54 groupes ethniques présents au Vietnam. Jusqu’ici, le Musée a rassemblé 15.000 objets, 2.190 diapositives, 42.000 photographies, 237 bandes son, 373 bandes vidéo et 25 CD-ROM. C’est également un centre pour la recherche ethnographique employant beaucoup d’experts sur les différents groupes ethniques. Les visiteurs peuvent donc s’y rendre pour visiter mais également pour se renseigner sur ces groupes ethniques, leur diversité culturelle et l’unicité de chaque groupe et région. C’est pour cette raison que des visiteurs nationaux et internationaux, des enfants et des étudiants, des professionnels et des non professionnels franchissent les portes du Musée chaque jour.
Les objets exposés au Musée sont non seulement des antiquités inestimables, mais beaucoup sont des objets du quotidien, tels que des couteaux, des paniers, des vêtements, des instruments de musique, des pipes et des nattes. Parmi ces collections, le visiteur peut admirer des objets liés aux différentes croyances et religions, aux mariages, aux cérémonies funéraires,… Chaque ethnie possède sa propre collection. Ces objets reflètent le patrimoine culturel matériel et immatériel des communautés. Le Musée organise des expositions et édite des livres et des catalogues dans différents formats afin de satisfaire les besoins de tous.
De 1992 à 1994, le personnel du Musée a reçu une formation à Hanoi, ainsi qu’à Paris où il a pu apprendre les techniques de terrain, d’inventaires et de mise en fiche des objets et des photos : 25 000 objets usuels sont ainsi entrés dans les collections où ils ont été inventoriés, photographiés et fichés. Ce qui a permis la création d’une photothèque suivant le modèle de celle du Musée de l’Homme, à Paris.
Le bâtiment de deux étages, dont l’architecture est inspirée par le célèbre tambour de bronze, évoquant la civilisation dongsonienne, renferme la collection permanente.Un escalier en granit permet de rejoindre l’entrée du Musée, créant ainsi l’impression de gravir les marches d’une maison sur pilotis, forme de construction populaire dans de nombreuses régions du Vietnam. A l’entrée du Musée, le sol de granit est décoré de tuiles foncées disposées suivant la forme d’un S qui symbolise la forme du littoral vietnamien.
Le Musée d’Ethnographie du Vietnam a été conçu pour refléter le progrès technique et scientifique du pays tout comme les objectifs du Musée. Tout d’abord, le Musée a été créé pour tout le monde. Ceci est reflété dans l’architecture et les techniques d’affichage. Le Musée a des rampes pour les personnes à mobilité réduite et un ascenseur permettant l’accès à l’étage. Tous les escaliers ont des rampes qui permettent aux personnes plus âgées de pouvoir se déplacer aisément dans le Musée.
Apprenant des expériences de beaucoup de musées de par le monde, les textes du Musée ne sont pas en majuscules mais en minuscules de sorte qu’il soit facile pour des personnes d’âges différents de les lire. Les panneaux sont présentés à des hauteurs raisonnables, de ce fait les adultes comme les enfants peuvent accéder aux informations.
En plus des objets, il y a des photographies, des textes, des vidéos et beaucoup de documentations de référence, qui peuvent informer des visiteurs ayant des niveaux d’éducation et des besoins différents.
Les objets sont présentés comme pièces maîtresses parce qu’ils reflètent la vie quotidienne du peuple. Les concepteurs du Musée ont donc choisi une présentation simple, de sorte que les visiteurs puissent admirer la beauté et la finesse de chaque pièce. Des photographies et les vidéos sont utilisées pour illustrer la vie des personnes.
L’intérêt de la présentation des collections est la valorisation des objets du quotidien. Dans une région où l’artisanat et une grande partie des traditions sont en voie d’acculturation, l’action de promouvoir le savoir-faire a été la priorité. L’idée était de valoriser un patrimoine, et des populations, mal ou peu connus et parfois méprisés. Aujourd’hui les visiteurs prennent conscience de cette mise en valeur. Plusieurs vitrines sont disposées dans le Musée où l’on trouve des hottes, des tubes en bambou ou des brindilles de paille, aussi pour interpeller le public, des objets du quotidien ont été mis en évidence comme des cages à oiseaux, des passoires en vannerie, des outils, choisis pour leurs qualités esthétiques et présentés seuls dans une vitrine de style beaux-arts.
Afin de faciliter la compréhension du public, les créateurs du Musée ont choisi d’adopter une présentation muséographique identique pour chaque famille linguistique. En effet, pour passer d’un groupe à l’autre, le visiteur franchit un passage étroit appelé, « la rue », limité par des murs sur lesquels d’un coté sont disposés des textes de présentation générale, photos et cartes se référant au groupe, et de l’autre, des vitrines présentent quelques objets de la vie quotidienne. Au bout de « la rue », le visiteur débouche sur un grand espace ouvert, « la place », avec des présentations vivantes hors vitrine, évocations de scènes diverses, accompagnées de bornes vidéo qui mettent en scène et expliquent ce qui est exposé : tissage Hmong, sacrifice du buffle des Bahnar, cérémonie d’initiation des Yao…
Un nombre restreint de 700 objets et 280 photographies font partie des objets présentés dans l’exposition permanente du Musée, ce qui permet au visiteur d’éviter d’être distrait par une surreprésentation d’objets.La plupart des objets présentés dans les 97 vitrines sont des originaux.
Chaque objet est présenté une étiquette indiquant son nom, le groupe ethnique et l’endroit où il a été créé. Il y a également des mannequins, des cartes, des livres, des photographies, des bandes vidéo, des enregistrements audio.
S’ajoutant aux nombreuses informations mises à disposition des visiteurs, le Musée fournit des centaines de panneaux composés d’explications, de photographies et de cartes. Malheureusement, en raison de l’espace limité, les textes sont condensés. Non seulement les textes et les étiquettes des objets sont rédigés en vietnamien, mais ils sont également traduits en anglais et français afin de faciliter l’accès des visiteurs étrangers. Ainsi, les visiteurs arpentant les allées du Musée, même sans guide, peuvent comprendre les textes se référant aux œuvres exposées.
De nouvelles solutions techniques ont été employées dans tout le Musée, telles les lumières focalisées. La lumière rayonne à l’intérieur et en dehors des fenêtres de verre se concentrant sur l’aspect le plus significatif de chaque objet afin de le mettre en valeur et d’attirer l’attention du visiteur. En outre, un système de ventilation a été installé dans chaque zone pour protéger les objets contre l’humidité.
Avec la création d’un musée en plein air, le Musée d’Ethnographie du Vietnam reste l’un des premiers musées contemporains ayant un concept si original.
Le secteur extérieur d’exposition est assez grand pour que les modèles architecturaux les plus populaires soient représentés. En effet, après la création du tombeau Jörai, inauguré avec la première exposition temporaire, d’autres architectures traditionnelles ont, depuis, été installées : la maison des Edê, la maison sur pilotis des Tay, celle, également sur pilotis des Yao, la maison des Hmong, la maison des Viet avec un toit de tuiles, la maison commune des Bahnar, la maison traditionnelle des Cham et la maison des Hanhi. Entre les maisons, il y a des arbres caractéristiques à la région de construction de chaque édifice, des chemins et des petits ponts.
Toutes ces maisons sont authentiques, achetées dans les villages puis remontées et rénovées au Musée par les villageois eux-mêmes. Des dépliants explicatifs sur chaque édifice ont été réalisés.
(Musée d’Ethnographie du Vietnam)