LA CITE IMPERIALE DE THANG LONG – HA NOI
D’une superficie de 25 ha environ, l’ancienne citadelle royale de Thang Long comprenait trois murs d’enceinte. Tu Câm Thành (la Cité pourpre interdite), à l’intérieur, fut réservé au roi, à la reine et à certaines concubines. Il avait porté plusieurs noms : Cung Thành (sous la dynastie des Ly), Long Phuong Thành (dynastie des Trân) et Câm Thành (dynastie des Lê postérieurs). Il disposa d’une seule entrée que fut Doan Môn. Hoàng Thành (la Cité royale), au milieu, abritait la Cour, le lieu de résidence et de travail des mandarins. Sous les dynasties des Ly, Trân et Lê postérieurs, Hoàng Thành fut percé de quatre portes qu’étaient Tuong Phù à l’Est, Quang Phuc à l’Ouest, Dai Hung au Sud et Diêu Duc au Nord. Sous le règne des Nguyên, la capitale fut déménagée à Huê. Le roi Gia Long fit détruire les murs d’enceinte de la citadelle royale de Thang Long qui n’avait alors que les statuts d’une citadelle du Nord (Trân Bac Thành). Il fit également y construire la citadelle de Hanoi d’une envergure beaucoup plus réduite.
La citadelle de Hanoi comprenait cinq portes : Dông (Est), Tây (Ouest), Bac (Nord), Tây Nam (Sud-Ouest) et Dông Nam (Sud-Est). De nos jours, il existe seulement celle du Nord, laquelle est située dans la rue Phan Dinh Phùng. Le mur d’enceinte extérieur de la citadelle royale de Thang Long, baptisé Kinh Thành (Cité capitale), entoura toute la capitale royale et longea le fleuve Rouge et les rivières Tô Lich et Kim Nguu, faisant office d’une digue. Kinh Thành abrita la population civile. La Cité capitale de Thang Long comporta 16 portes sous le règne des Lê postérieurs, et 12 sous le règne des Nguyên. Au début du 20e siècle, il exista cinq portes qu’étaient celles de Cho Dua, Dông Mac, Câu Dên, Câu Giây et Quan Chuong. Actuellement, il n’en reste que celle de Quan Chuong (appelée jadis Dông Hà Môn, c’est-à-dire la porte donnant sur le fleuve à l’Est).
Après un millier d’années d’existence, la citadelle royale de Thang Long imposante avec des palais somptueux n’existe plus. Mais il nous reste certains vestiges et objets retraçant en partie la physionomie de l’ancienne citadelle royale de Thang Long qui nous permettant de mieux comprendre l’émergence et le développement de la région du dragon prenant son envol pendant 10 siècles.
Doan Môn, la seule porte de Tu Câm Thành, se tourne vers le Sud, l’orientation la plus importante d’anciens ouvrages architecturaux des Vietnamiens. Sous le règne des Nguyên, Doan Môn fit l’objet des travaux de restauration et percé de deux portes latérales réservées aux civils. En 1998, le site de Doan Môn, d’une superficie totale de 3.681,5 m2, a été remis par le ministère de la Défense au Comité populaire de Hanoi et est ouvert au public depuis octobre 2001.
Bac Môn, l’unique porte existante de la citadelle de Hanoi des Nguyên, est située dans la rue Phan Dinh Phùng. Sa façade extérieure porte une plaque en pierre datée du 24 avril 1882 et deux trous creusés par des obus de canon tirés depuis les navires de guerre français lors des attaques contre la citadelle de Hanoi. Ses deux battants en bois, d’une superficie unitaire de 12 m2 et d’un poids unitaire de 16 tonnes environ, ont été restaurés et se déplacent sur des roues en cuivre de 80 kg environ. L’édifice en haut de la porte est dédié à deux gouverneurs de Hanoi, les héros qui ont fait preuve de leur noblesse de cœur et de leur fidélité face aux agresseurs français lors de deux attaques contre la citadelle de Hanoi.
Les dragons en pierre du palais Kinh Thiên constituent les uniques traces existantes de ce palais. Au nombre de quatre, ces dragons datés du milieu du 15e siècle flanquent les trois escaliers latéraux. Représentatifs de l’art de sculpture des Lê antérieurs, ils disposent d’une grande tête proéminente, des yeux ronds saillants, des cornes ramifiées, d’une crinière ondulante et courbant vers l’arrière, d’une bouche légèrement ouverte gardant une perle. Son corps souplement ondulant se rétrécit de plus en plus vers la queue, sa nageoire dorsale est ondulante comme des nuages ou rayons du feu. Ces dragons illustrent en partie la grande envergure de l’ancien palais Kinh Thiên.
La Maison du dragon, construite par les Français en 1886 sur l’ancien emplacement du palais Kinh Thiên, est implantée au cœur de la citadelle royale de Thang Long, sur le monticule Long Dô (nombril du dragon), lequel est considéré comme “point vital” de l’ancienne citadelle royale de Thang Long. En 1010, après le transfert de la capitale vers Thang Long, le roi Ly Thai Tô fit construire un palais surnommé Càn Nguyên sur ce monticule, où se tinrent les rituels les plus importants de la cour. En 1029, le roi Ly Thai Tông fit construire sur l’ancien emplacement du palais Càn Nguyên un autre palais surnommé Thiên An, lequel fut rebaptisé Kinh Thiên sous le règne des Lê postérieurs. Sous le règne des Nguyên, après le transfert de la capitale à Huê, le palais Kinh Thiên fut reconverti en résidence réservée aux rois et mandarins des Nguyên lors de leur tournée d’inspection au Nord. En 1886, les Français remplacèrent cet ouvrage par un édifice à deux étages doté de 7 chambres où siégea le Commandement de l’artillerie. Depuis 1954, la maison du dragon est le QG de l’Armée populaire du Vietnam.
Hâu Lâu (également appelé Pavillon Tinh Bac) est l’édifice situé en arrière du palais Kinh Thiên, jouxtant la rue Hoàng Diêu. Implanté au Nord selon les principes de la géomancie dans un but de pacifier le nord du palais Kinh Thiên, il fut donc appelé pavillon Tinh Bac (pavillon pacifiant le Nord) ou encore Hâu Lâu (pavillon en arrière du palais). Par ailleurs, il fut également surnommé pavillon de la princesse car il fut le lieu de repos des concubines accompagnant les rois Nguyên lors de leur tournée d’inspection au Nord. Hâu Lâu fut démantelé en 1870 et reconstruit par les Français selon l’architecture du 18e siècle pour loger les soldats français. A l’heure actuelle, cet édifice expose certains objets découverts lors des fouilles archéologiques menées en octobre 1998 et des photos de Hanoi dans diverses périodes historiques.
Le site archéologique du 18 rue Hoàng Diêu, situé à 87 m du palais Kinh Thiên, renferme les traces abondantes des palais royaux des Ly, Trân et Lê postérieurs. Sa strate inférieure renferme les traces de la partie orientale de la citadelle de Dai La sous la domination de Kao P’ien (dynastie chinoise des Tang); la couche suivante recèle les restes des palais royaux des Ly et Trân; vient ensuite la couche abritant les traces de la partie centrale du palais oriental des Lê postérieurs; la strate supérieure est une partie du centre de la citadelle de Hanoi au 19e siècle. Dans l’histoire, la citadelle royale de Thang Long a connu de nombreux changements, cependant, sa partie centrale, notamment sa Cité pourpre interdite, est presque inchangée, contrairement à son architecture, laquelle a fait l’objet de nombreux travaux de restauration. Cette particularité explique la superposition de plusieurs strates d’objets au sein du site archéologique du 18 rue Hoàng Diêu. Les archéologues y ont trouvé de nombreuses traces architecturales importantes, outre une grande quantité de céramiques utilisées par la famille royale dans de différentes périodes. Ces découvertes ont réellement ouvert la voie aux études sur les céramiques de Thang Long, ainsi que celles utilisées au sein des palais royaux sous de différentes dynasties.
La tour du drapeau de Hanoi (également appelée le Mât du drapeau de Hanoi), située dans la rue Diên Biên Phu, est une structure pyramidale construite dans la même époque que la citadelle de Hanoi, sous le règne des Nguyên (mise en chantier 1805 et inaugurée en 1812). Elle comprend une base à trois étages, une colonne et un sommet. Les étages de la base ont la forme de troncs de pyramide à base carrée, superposés et entourés de murs de briques. La colonne, hexagonale, comprend un escalier en hélice à l’intérieur. Le sommet est composé d’une tour octogonale dotée d’un pilier cylindrique servant à fixer le manche du drapeau. Après la libération de la capitale (le 10 octobre 1954), la tour du drapeau de Hanoi porte toujours le drapeau rouge à étoile jaune et est ouverte au public.
Le 12 août 2009, la citadelle royale de Thang Long a été classée par le Premier ministre vietnamien dans la liste de 10 vestiges spéciaux de niveau national et à 6h30 le 1er août 2010 (heure de Hanoi), elle a é té reconnue en tant que patrimoine mondial de l’UNESCO lors de la 34e session du Comité du patrimoine mondial qui a eu lieu à Brasilia (Brésil). Cette reconnaissance est un présent inestimable pour le peuple vietnamien et la capitale de Hanoi peu avant la célébration de son Millénaire.
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