Visite Sapa : la porte du paradis
La route du nord-ouest du pays vous mène vers un Vietnam authentique, un paysage d’aquarelle, une poignée d’ethnies minoritaires sauvegardent leur mode de vie. Sans folklore, et en toute beauté, toute liberté. Un voyage hors des sentiers battus
Après dix heures de route avec 380 km, on arrive au pays de brume, dans la fraîcheur échappée des sommets culminant à plus de 3 000 mètres, échappant à l’agitation, aux Klaxon, au béton, à l’embouteillage de Hanoi, Sur les 32 km serpentant de Lao Cai à Sapa, on rencontre des femmes harnachées d’immenses hottes, chaussées tantôt de bottes, tantôt de sandalettes en plastique brun «Made in China ». Toutes revêtent leur costume classique : longues tuniques brodées au point de croix, pantalons noirs, guêtres noires, créoles à pampilles dépassant d’un calot rond. En allant près de la ville de Sapa, on croise les Hmong noirs, derniers arrivés dans la région, vivant dans les villages au pied des montagnes. Vue de la fenêtre, c’est un défilé incessant de silhouettes courbées, longeant des précipices, des terrasses taillées manuellement que le soleil transforme en miroirs réfléchissant les nuages et les arbres. Ces premières rencontres impressionnent la rétine telle que des scènes sorties d’une autre époque. Pas de tracteurs, ni d’outils modernes, ni de tenues adaptées pour les champs. Douze mois sur douze dans ces vallées, qu’il pleuve, vente, que le brouillard s’amasse ou que la chaleur soulève des rubans de vapeur, on vit, travaille et s’habille de la même façon. Comme de leurs ancêtres depuis mille ans, Les habits de coton sont tissés, teints, taillés, brodés par les femmes, de génération aux autres. Elles les portent aux champs ainsi que pour aller au marché centrale de Sapa, où se réunissent, dès les premières chaleurs, marchands, passagers, voyageurs de toutes régions du Vietnam ainsi que des étrangers.
De magnifique villas au nom désuet – les Marguerites, les Géraniums, les Pétunias – gardent encore la trace de cette période. Sapa est tombée dans l’oubli après la guerre d’Indochine. Néanmoins la vielle station de villégiature chic sort au fur et à mesure de sa léthargie. Plusieurs hôtels, resorts et des cafés en font l’escale parfaite pour découvrir la région. A l’intérieur d’un rayon de 80 km, les paysages sont superbe comme des estampes : rizières en gradins argentées, plantations de thé, immenses roseraies – la rose est une spécialité de cette région, chaque fleur étant enveloppée manuellement pour résister aux températures frisquettes de la nuit.
A Sapa, On peut s’aventurer sur les pistes en 4 X 4 ou à deux roues, et puis avec un guide local on abandonnera le plus rapidement possible son véhicule pour randonner à pied dans la montagne. Surtout pour monter dans le Fan Si Pan (3 143 m), on se monte par des chemins pentus pour gagner les villages construits en hauteur.
Chaque ethnie a un endroit de vie qui découle de ses activités quotidiennes, culture ou élevage : Les Hmong aux larges robes multicolores, les Dao aux perruques de laine également raffinées que celles de Marie-Antoinette, Thaï aux chapeaux en forme de toit brillant de breloques, de grelots, les Lao aux dents laquées, les Hanhi aux fausses tresses gros terminées en plumeau. Et chaque ethnie s’emploie à transmettre l’art de monter une coiffe, de tirer l’aiguille, de donner de l’aisance à une veste. On n’oublie pas l’héritage des ancêtres.
Il existe deux monde se côtoyant à Sapa, les Tonkinois et les minorités d’origine chinoise. Cette mosaïque de peuples prend les marchés comme distraction et lieu d’échanges. Ils s’y précipitent pour commercer dans tous les sens du terme. Pour s’asseoir côte à côte sur de longs bancs de bois, boire le « cho », breuvage à base de thé, de haricot rouge, de noix de coco, de miettes de gâteau et de cacahuètes, manger un « ban ran », des beignets croustillants laqués d’huile retenant en leur cœur une boule de mélasse. Pour tirer sur les pipes de tabac âpre préparé avec soin par une femme Thaï aux allures de princesse tonkinoise, tatouée aux pieds et aux mains de points verts et bleus. Vieux et jeunes, dans la poussière, l’agitation et multicouleur du marché, oublient ainsi dans quelques heures leur labeur. Les jeunes filles lorgnent les garçons, qui les reluquent également en se poussant du coude et en s’esclaffant. Comme le marché est également le lieu où l’on trouve un conjoint, où l’on est enlevé dans les règles de l’art, emmener trois dans la famille du probable époux pour vérifier si on s’en ” accommode “. Donc, si l’affaire « se marche” bien, le fiancé, une corne de buffle emplie d’alcool de riz en offrande, ira demander la main de la belle à son père. Le mariage aura lieu quatre jours après. Les femmes et les hommes seront beaux, étincelants de bijoux d’argent, de verroteries, de couleurs. Réjouis de l’occasion offerte de s’amuser. Le lendemain, les femmes s’achemineront à travers les paysages d’aquarelle ; leurs tenus témoignant de leur capacité à embellir chaque jour, à sembler encore dans leurs plus beau atours : fières et belles.
On dit que, voyage au Vietnam sans visiter Sapa vous ratez une occasion de gagner le paradis sur la terre ! Y-allez une fois pour découvrir un Vietnam authentique autre de ce qu’on voit sur les médias.